La vie d’élu sont un challenge du quotidien, nous vous donnons nos meilleurs conseils pour éviter d’avoir un emploi du temps surchargé

Pour tout le monde, la politique c’est en plus. En plus de la vie professionnelle et en plus de la vie personnelle. En plus du temps que vous passez au travail et en plus du temps que vous passez avec votre famille et vos amis. Et contrairement à ce qu’on peut penser au début, en plus du temps que vous pouvez garder pour vous ! Depuis le départ, il faut ajouter l’engagement politique à votre agenda surchargé. C’est ce que vous faites en général avec brio… sauf dans quelques cas où ça coince et où on (vos amis, votre conjoint, vos enfants, votre inconscient) vous le fait bien remarquer.

Comment faire dans ces cas-là ?

Le challenge du temps dans une vie d’élu.e

Le temps que prend la politique est le même pour tous les élus : entre les commissions, le conseil de la majorité, le conseil municipal, la préparation du conseil municipal, les cérémonies, les vœux, les réunions diverses et variées, on vous attend un peu sur tous les plans. Et pourtant, comme vous avez dû le remarquer autour de vous, tous les élus ne sont pas égaux devant cette facette “chronophage” de l’engagement politique.

Chez EluesLocales, nous avons identifié deux différences principales, qui transforment votre vie d’élu.e en un passe-temps prenant mais récréatif, ou au contraire en marathon au quotidien.

  1. L’activité professionnelle. Si vous cumulez votre vie politique avec une vie professionnelle, vous êtes sans doute mille fois plus occupé.e que vos collègues élu.e.s qui n’ont pas de travail et qui sont par exemple à la retraite. Détail méconnu de cette facette de la vie politique, les hommes élus sont en moyenne légèrement plus âgés que les femmes élues, et ils sont plus souvent à la retraite (voir le rapport du HCEfh à ce sujet).

Statistiquement, les hommes élus ont donc plus de temps à consacrer à leur mandat que les femmes élues, sur ce simple critère démographique et professionnel. Vous vous demandiez pourquoi il n’y a plus que les hommes à 22h en réunion ? Ne cherchez plus.

  1. La vie de famille. Vous avez des enfants ? Même adolescents, ils ont “besoin” de vous, besoin d’un cadre et besoin de temps d’échanges. Plus prosaïquement, ils ont besoin que vous alliez les chercher à la piscine ou chez leurs ami.e.s en grande banlieue… autant de temps que vous ne pouvez pas consacrer à votre mandat, contrairement à certain.e.s de vos collègues. Sur ce sujet, les différences s’additionnent : les hommes élus sont plus âgés, donc ont peut-être moins d’enfants à la maison, et s’ajoute à cela le fait que statistiquement, les femmes s’occupent encore de 80% des tâches ménagères. Si vous êtes une femme, vous serez donc de facto soumise à un ensemble d’impératifs sociaux qui ne sont pas prêts de s’arrêter.

Quelques exemples dont on nous a fait part sur ces dernières années :

J’adore la politique, et mon mari me soutient à fond, mais c’est difficile pour lui : encore la semaine dernière, nos amis communs lui ont demandé si ce n’était pas difficile pour lui que je ne sois pas là 3 soirs par semaine “– Aurélie, maire d’une commune de 5.000 habitants

Une fois n’est pas coutume, je me suis libérée un soir pour aller chercher ma fille à l’école. En me voyant arriver, la maîtresse s’est exclamée : “enfin un jour où vous préférez votre fille à la politique !” J’en ai pleuré !” – Alexandra, adjointe au maire dans une ville de 50.000 habitants.

Et bien-sûr, il y a la culpabilité ressentie, celle que personne ne nous impose, et que l’on s’impose à soi-même.

Gérer ses trois vies sereinement

Conseil #1 : être débordé.e, c’est normal

Changeons de perspective et posons la question de la façon suivante : aimeriez-vous que les représentants du peuple, les élus locaux et les élues locales, se consacrent pleinement à leur mandat ? Et soient choisis et sélectionnés parmi une population libre de tout autre engagement professionnel et familial ? Trouveriez-vous souhaitable de n’avoir pour représentant.e.s que des personnes qui peuvent se consacrer nuit et jour à l’exercice de la politique ?

Evidemment, posée sous cet angle-là, la question fait réfléchir. Et de fait, cette période a existé… du temps où les hommes s’occupaient seuls de politique et où les femmes s’occupaient seules de l’éducation des enfants.

Mais depuis le début du XXème siècle, les choses ont progressivement changé, et même si les plus hauts postes de l’Etat restent masculins, les femmes sont entrées massivement en politique.

Et surtout, aujourd’hui, les gens veulent des candidats normaux, qui les comprennent et qui comprennent leurs problèmes, qu’il s’agisse de garde d’enfants, de pression professionnelle, ou tout simplement du temps qui s’accélère dans un monde changeant !

Vu sous cet angle, ce qui peut avoir l’air d’une contrainte – une vie professionnelle bien remplie, une famille nombreuse avec des allers-retours permanents à faire pour les petits derniers qui ont besoin d’un taxi, est un avantage-clé : vous avez les mêmes contraintes qu’un.e citoyen.ne ordinaire. Vous comprenez le manque de temps de vos administré.e.s et leur demande de plus en plus forte d’interactivité, d’échanges numériques, et de moments de rencontre originaux autour d’animations qui ont lieu plutôt le soir ou le weekend.

La première étape pour gérer ces trois vies sereinement, c’est donc cette prise de conscience que malgré les contraintes, ce sont précisément ces vies-là qui font de vous un.e élu.e indispensable au bon fonctionnement de la démocratie locale.

Conseil #2 : De la culpabilité ? Assumez

Comme 100% des femmes (et peut-être des hommes ? Nous cherchons des témoignages, racontez-nous ici), vous vous sentez coupable de ne pas vous occuper assez/assez bien de vos enfants. Ce qui paraît normal, puisque toutes les injonctions sociales que vous recevez de votre environnement vont sans doute dans ce sens. Au-delà de l’inconscient collectif solidement ancré dans l’idée qu’une mère qui s’épanouit est une mauvaise mère, bonne nouvelle :

Une mère qui s’épanouit, c’est surtout une mère qui donne un excellent exemple à ses enfants.

Car un jour, vos enfants viendront eux aussi vous dire qu’ils ont un rêve déraisonnable, une passion à poursuivre, comme l’est pour vous l’engagement politique :

Dans tous ces moments où vous avez passionnément envie de vous engager pour une cause, mais où vous doutez des effets bénéfiques que cela peut avoir sur votre entourage proche, un seul conseil donc : foncez !

Même quand la pente est rude.

Conseil #3 : ne prenez que les compliments

On a souvent tendance à chercher ce qui ne va pas, la façon dont on pourrait s’améliorer, ce qu’on aurait pu faire de mieux. Si vous faites ça sur les dossiers que vous menez dans votre collectivité, il y a fort à parier que vous allez trouver du monde pour critiquer et pour vous remettre en question : la critique est toujours plus facile que la remarque constructive, ou, mieux, que le compliment. Et si vous doutez de vous, il est probable que certain.e.s, sans même penser à mal, trouvent des choses à redire sur les projets qui vous ont pris tant de temps – et qui sont même plutôt, dans l’ensemble, des réussites. Avant d’aller chercher la critique, les points à améliorer, ou les remarques des mécontents, pensez donc à célébrer et à vous féliciter de tout ce que vous réussissez à mener de front !

En résumé

Peut-être que vous êtes moins disponible que d’autres pour la vie locale, et peut-être que vos dossiers pourraient être mieux ficelés : on peut toujours faire mieux. Mais dans l’ensemble, compte-tenu de toutes vos contraintes – essentielles, comme on l’a vu, pour que les représentants du peuple vivent des expériences similaires à ceux qu’ils et elles représentent, vous avez fait du beau travail. Et si vous voyez les choses de cette façon-là, nous, on parie sur le fait que les gens qui vous entourent seront d’accord et penseront à vous féliciter, à un moment ou à un autre. Cheers !