Baisse des dotations de l’Etat, finances en berne…, de nombreuses collectivités sont obligées de rivaliser d’ingéniosité pour financer leurs projets, quitte à en laisser de côté. Pourtant, une solution alternative…

Baisse des dotations de l’Etat, finances en berne…, de nombreuses collectivités sont obligées de rivaliser d’ingéniosité pour financer leurs projets, quitte à en laisser de côté. Pourtant, une solution alternative existe : le crowdfunding ou financement participatif dans la langue de Molière.

Le financement participatif, c’est quoi ?

crowdfundingLe financement participatif permet, via des communautés en ligne, de lever des fonds en faisant appel à un plus ou moins grand nombre de personnes. Cette levée de fonds va se faire via des dons (avec ou sans récompense), des prêts (avec ou sans intérêts) ou de l’investissement.

Très populaires à l’exemple de Ulule ou KissKissBankBank, ces plateformes étaient auparavant fermées aux collectivités territoriales.

Cependant, depuis le décret n° 2015-1670 du 16 décembre 2015 (qui porte sur les dispositions relatives aux mandats confiés par les collectivités territoriales et leurs établissements publics), celui-ci est dorénavant permis aux collectivités territoriales qui peuvent à présent confier à un organisme tiers l’encaissement de recettes propres pour leur compte en lien avec une opération de financement participatif.

Au moment où de nombreuses collectivités souffrent de la baisse des dotations de l’Etat, un important blocage est levé, facilitant l’accès au financement participatif. En revanche, les domaines restent limités aux projets culturels, éducatifs, sociaux et solidaires.

Pourtant, Marc Frachet estime que l’«engouement général [autour du financement participatif] est encore trop peu partagé par les collectivités territoriales qui pourraient pourtant y trouver une solution efficace de renforcement de leurs politiques».

Quel est l’intérêt de recourir au financement participatif ?

Financement-participatif

  • En premier lieu, il s’agira tout simplement d’une source de recettes supplémentaire ;
  • Les plateformes de crowdfunding permettent de créer des projets et faire des demandes de financement, il faut donc trouver et cibler des projets qui intéresseraient les éventuels “investisseurs”, à savoir le public. Il va donc falloir bien préparer son dossier, il va falloir convaincre ;
  • Renforcer la notion de lien social et d’implication locale en proposant aux habitants de s’engager financièrement dans des projets qui leur tiennent à cœur ;
  • Ces plateformes vont aussi permettre aux collectivités de facilement financer les projets locaux ainsi que les entreprises locales via une position de “mentor” ;
  • Enjeu de communication : il va falloir mobiliser les habitants, les convaincre de l’intérêt du projet, qu’ils vont être des acteurs majeurs de son aboutissement ;
  • Levée rapide de fonds (le temps maximum pour une levée de fonds est de 60 jours sur KissKissBankBank par exemple) ;
  • Le crowdfunding s’inscrit de fait dans une démarche rapide de financement, possible réponse aux demandes récurrentes d’actions rapides par les administrés, contrairement à l’action publique traditionnelle, davantage axée sur le long terme ;

Attention, le financement participatif ne doit surtout pas devenir une sorte d’impôt indirect ou qu’il puisse être perçu comme tel. Il faut donc en faire bon usage. Celui-ci ne doit constituer qu’un complément, qu’il serve à enrichir un projet existant ou à créer un projet qui ne pourrait pas exister sans.

Des nouvelles pratiques de financement à risque ?

  • Bien que la tendance actuelle à la collusion des secteurs publics et privés ne soit pas tout à fait à déplorer du point de vue des sérieux avantages observables, la pratique du crowdfunding peut trouver des limites. Certaines dérives – comme la précipitation sur le marché de nouveaux acteurs privés qui ont les moyens de la contrainte financière, pourraient bien faire bénéficier l’intérêt personnel au détriment des collectivités et du service public.
  • Enfin, ces nouvelles pratiques ne seraient-elles pas l’illustration d’un essoufflement des collectivités et plus généralement de l’Etat à soutenir la gestion de ces comptes publics ?

Focus sur ceux qui ont sauté le pas !

La ville Bretonne de Langouet a été séduite par ce type de démocratie participative . Comme l’explique Daniel Cueff, maire de cette commune de 612 habitants : “Nous voulons que le citoyen s’implique au maximum dans la vie de la commune. Créer du lien avec un habitant, cela vaut tout l’or du monde. C’est bien plus enrichissant que de signer avec une banque”. Cette campagne de crowdfunding avait été lancée en novembre 2016 pour financer un projet d’études d’habitats éco-responsables. Les fonds collectés ont tout de même représenté 26% du financement total du projet. En espérant que l’avenir du  financement participatif soit pérennisé et encadré.