En 2014, selon une étude du Conseil national de l’ordre des médecins, chaque année, la France compte près de 1 000 généralistes en moins sur son territoire. Depuis 2007, le nombre…

En 2014, selon une étude du Conseil national de l’ordre des médecins, chaque année, la France compte près de 1 000 généralistes en moins sur son territoire. Depuis 2007, le nombre de médecins généralistes a diminué de 6,5 %.
Le rôle de médecin généraliste, traditionnellement notable important du village, semble ne plus séduire les jeunes étudiants davantage attirés par les spécialités (plus médiatisées dans les séries notamment) comme la chirurgie, la neurologie…
Dès lors, les collectivités sont confrontées à un défi de taille afin de résoudre ce problème crucial de désertification médicale.

Maisons de santé pluridisciplinaires, bilan plus ou moins efficace

La pénurie des médecins généralistes pose un grave problème aux collectivités territoriales pour assurer les premiers soins aux populations. Pour assurer les services de soins sur leurs territoires, la problématique est alors d’attirer les médecins, notamment les jeunes diplômés hors des zones réputées attractives.

maison médicalisée

La solution la plus répandue a été de recourir à la constitution de maisons médicales, « pôles de santé pluridisciplinaire », « maison de santé pluri-professionnelle ». L’idée est d’accueillir dans un même bâtiment différents professionnels de la santé via des loyers modérés et l’intérêt de l’interconnexion facilitée entre les différentes disciplines. Par exemple, à Torcy (Seine-et-Marne), le projet de maison de santé pluri-professionnelle abrite des médecins, des infirmières, des diététiciennes, un podologue, un orthoptiste et un psychologue. Le pôle compte également un créneau de consultation d’urgence, afin de désengorger l’hôpital.

Un premier bilan décernerait plutôt la mention « mitigé » pour une raison toute simple : les plus faibles loyers et aides à l’installation ont plutôt attiré les médecins déjà présents sur le territoire, pas forcément de jeunes médecins. Cela dit, il serait bien sévère de ne pas attendre davantage les fruits de ces initiatives, récentes rappelons-le.

Solliciter les jeunes médecins retraités

Autre solution mais qui ne règle le problème que de façon temporaire, le conseil général du Loiret (territoire particulièrement touché par la problématique), en partenariat avec l’ordre des médecins propose aux médecins libéraux retraités qui le souhaite de poursuivre, quelques heures par mois, leur activité professionnelle au sein des services du département. Ces praticiens contribueront ainsi à la continuité du service public et à la qualité des soins alloués aux Loirétains par l’évaluation des personnes âgées et handicapées, la consultation de nourrissons, les visites médicales dans les écoles…

Cette action ne peut être qu’insérer dans une action de plus grande envergure. Par exemple, pour rester dans le Loiret, elle s’accompagne d’une batterie d’investissements en faveur du maintien et de l’installation des professions médicales sur le département, qui représentent 1,3 millions d’euros : création de Maisons de santés pluridisciplinaires et paramédicales, attribution de bourses à des étudiants en médecine, etc.

Faire de la promotion dans les écoles de médecine

Le problème de la désertification médicale n’est pas tant un nombre moindre de jeunes médecins diplômés mais que ceux-ci préfèrent bien souvent rester là où ils ont fait leur études et s’enferrer dans une concurrence acharnée dans les métropoles.

Observer 2 cartes, l’une sur la densité des spécialistes, l’autre sur les honoraires par tête des spécialistes (chiffres de 2014), fait ressortir un constat sans appel : il y a une forte densité de spécialistes dans les métropoles ou certaines zones “attractives” de par leur cadre (Pyrénées-Atlantiques, Côte d’Azur, Corse…), cette forte densité entraîne de plus faibles revenus (à quelques exceptions comme du côté de Nantes, Perpignan ou en Corse). Les zones où la densité de spécialistes est plus faible présentent au contraire de meilleurs revenus.

Désertification - démographie médicale en France

A partir de ce constat, certaines collectivités ont décidé d’intervenir directement dans les écoles de médecine afin de promouvoir leur territoire (clips publicitaires, promotions pendant des conférences, lobbying auprès de jeunes médecins issus du territoire…) : le cadre de vie agréable est mis en avant ainsi que leurs avantages comme une bien plus faible concurrence sur des bassins de populations régulièrement conséquents. L’objectif : convaincre qu’en s’éloignant des métropoles, on peut parfaitement faire une carrière bien rémunérée, sans le stress de la concurrence des grandes villes et bien plus paisible.

Le Contrat d’engagement de service public, la solution ?

Si l’assouplissement du numerus clausus est demandé par beaucoup de médecins inquiets de la situation, il faut qu’il soit effectué de manière ciblée, dans les régions les plus déficitaires. En effet, de façon générale, les étudiants restent dans la région où ils ont fait leurs études.

désertification médicale

De plus, le contrat d’engagement de service public semble obtenir des résultats encourageants : s’adressant aux médecins ou dentistes en formation, il leur permet de bénéficier d’une bourse, en contrepartie d’une installation dans un territoire manquant de professionnels, pour une durée équivalant à celle de l’aide qu’ils ont reçue pendant leurs études.

A l’échelon national, en juin 2016, 1 750 jeunes ont signé le contrat d’engagement de service public, 600 praticiens territoriaux de médecine générale se sont installés dans des territoires déficitaires, et en Bretagne, 52 étudiants se sont engagés à exercer dans un territoire manquant de professionnels de santé. De la même manière, grâce au dispositif PTMG, Praticien territorial de médecine générale, 35 médecins se sont installés dans la région.